Mon sac de yoga ne ressemble pas à une pub minimaliste. Il déborde. De briques, de sangles, de balles, parfois même d’une petite serviette. Rien à voir avec une image lisse et épurée. Mais chaque objet a sa place. Et si j’en parle aujourd’hui, ce n’est pas pour défendre un choix esthétique — c’est pour vous raconter pourquoi, pour moi, les accessoires ne sont ni un aveu de faiblesse ni un signe de débutant.

Le bazar comme indice d’autonomie

Il y a quelque temps, j’ai publié une vidéo d’un cours de Yin où chacun avait sorti ce dont il avait besoin : coussins, briques, supports divers… On aurait dit un joyeux bazar. Un commentaire a surgi : « C’est bien le bazar dans votre cours ». Et j’ai souri (jaune, d’abord, puis sincèrement).

Parce que oui, c’est vrai. Ce n’était pas un alignement façon magazine. Mais c’était un alignement fonctionnel, un alignement de personnes qui savent ce dont leur corps a besoin. Un bazar choisi. 

Ce que révèle le contenu d’un sac

Quand je pars en cours, surtout s’il n’y a pas de matériel sur place, je prépare mon sac avec attention : deux briques, une sangle, parfois des balles pour du relâchement myofascial. Et souvent, une petite serviette qui sert à tout. Le tout fait un sac bien rempli, qui aurait presque de quoi complexer. Mais c’est un sac qui dit : je connais mon corps.

Pendant longtemps, j’ai essayé de “faire comme tout le monde”. Mais sans support, mon corps lutte. Mon dos s’arrondit, ma respiration se bloque, et je quitte la posture bien plus vite que prévu. Le jour où j’ai arrêté de lutter, c’est le jour où j’ai attrapé une brique — et où je me suis dit que je n’avais rien à prouver.

Une brique, une sangle… et une posture adaptée

Prenons Ardha Chandrasana, la demi-lune. Sans brique, je lutte pour garder l’équilibre. Je retiens mon souffle, mon système nerveux s’agite, et je perds la présence. Avec une brique ? Je retrouve de l’aisance. Je peux affiner ma posture, respirer, observer.

Idem pour les postures debout avec le pied dans la main : une sangle rallonge mon bras, me donne de l’option, et libère mon dos.

Ce n’est pas tricher. C’est adapter.

Ce n’est pas pour les raides (ni les débutants)

On associe encore trop souvent les accessoires à un manque de souplesse ou d’expérience. Pourtant, après plus de 15 ans de pratique, je ne pourrais plus m’en passer. Parce qu’ils me permettent d’entrer dans la posture sans forcer. Parce qu’ils ouvrent de l’espace — dans le corps, dans la respiration, dans l’expérience vécue. Et aussi parce qu’ils rendent visible une pratique qui s’écoute et qui s’ajuste.

Prendre le temps d’explorer

Oui, au début, manipuler une sangle ou ajuster la hauteur d’une brique peut casser le rythme. Mais comme tout apprentissage, ça devient fluide. Et plus on se connaît, plus on peut aller vite dans l’adaptation. Certains jours, on choisira de tout sortir. D’autres, on n’utilisera rien. C’est ça, une pratique vivante.

En résumé

Utiliser des supports, ce n’est pas abandonner. C’est choisir. C’est se donner le droit de pratiquer à partir de là où l’on est. C’est renoncer à l’idée de forcer son corps dans une forme prédéfinie. C’est préférer l’ajustement à la lutte.

Et si autour de vous, personne n’utilise de supports ? Soyez l’exemple. Montrez que c’est possible. Que c’est joyeux. Que ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de justesse.