Dans une séance de yoga, il n’est pas rare qu’un·e élève signale une douleur. Parfois, elle est difficile à décrire. Parfois, elle est minimisée, voire ignorée. Et souvent, en tant que professeur·e, on se retrouve face à une question essentielle :
Est-ce une douleur musculaire liée à l’effort ? Ou une douleur articulaire qui demande vigilance ?

Comprendre la différence change profondément notre manière d’accompagner.
Cela permet d’adapter ou de varier avec plus de justesse, d’éviter de normaliser des signaux d’alerte, et d’affiner notre perception du corps en mouvement.

Dans cet article, je vous propose quelques repères simples mais solides pour distinguer ces deux types de douleur. Non pas pour poser un diagnostic, mais pour enseigner avec plus de discernement, et plus de présence.

La douleur, ce n’est pas juste une histoire de corps

Avant de parler anatomie, un petit rappel utile : la douleur n’est pas qu’un signal physique.
C’est aussi une expérience émotionnelle. Une interprétation du cerveau. Un mélange d’histoires, de stress, de fatigue, de disponibilité, de qualité de sommeil, d’anticipations parfois.

Autrement dit :

• • • Deux personnes peuvent vivre la même posture, mais pas du tout la même douleur.
    • Et un jour où tout va bien, une gêne passe… alors que le lendemain, dans le même angle, ça pique. 

En tant que prof, on ne peut pas “deviner” ce que l’autre ressent. Mais on peut aider à nommer.
Et ça, ça change tout.

Proposer l’utilisation d’un vocabulaire plus précis – ça tire, ça chauffe, c’est aigu, c’est profond, ça coince… – c’est ouvrir la porte à une meilleure compréhension.
Et sortir de cette réponse floue qu’on entend trop souvent : “bah… j’sais pas, ça fait bizarre.”

Muscles et articulations : des tissus, des rôles… et des signaux différents

Alors venons-en au cœur du sujet.

• • • Le muscle, c’est le tissu qui bouge. Il se contracte, se relâche, s’adapte, parfois crampe. Il est nourri, irrigué, il aime qu’on le sollicite, avec respect.
      Quand il se manifeste, c’est souvent sous forme de brûlure douce, de tiraillement, ou de fatigue qui monte, voire de crispation. C’est généralement diffus, progressif, et ça passe dès qu’on relâche un peu et que l’on change de gamme de mouvement..
    • L’articulation, elle, ne fait pas tout ça. Elle ne produit pas le mouvement, elle le reçoit.
      Elle est plus fragile, plus exposée, et très riche en capteurs sensoriels, notamment ceux de la douleur (les fameux nocicepteurs).
      Résultat : quand une articulation souffre, ça se sent. Et ça ne trompe pas.
      La douleur est plus vive, plus précise, parfois persistante. Parfois lancinante. Et souvent, elle revient toujours au même endroit.

       

Ce n’est pas une histoire de “ça bosse” ou “ça chauffe bien”.
C’est une structure qui se met en protection. Et ça, il ne faut pas le banaliser.

Non, une douleur vive dans un genou, une hanche ou une épaule, ce n’est pas “le corps qui s’ouvre”.
C’est le corps qui dit stop.

Le rôle du professeur de yoga: écouter, observer, proposer

On n’est pas kiné. Ni médecin.
Mais on peut faire une vraie différence, rien qu’en observant mieux, en posant les bonnes questions, en créant un espace où la douleur a sa place — sans être glorifiée ni ignorée.

Par exemple :

• Quand ça survient ? Dès que la posture commence ? À la sortie ? Après ?
• C’est où exactement ? Est-ce que ça se déplace ? Est-ce que c’est supportable ?
• Est-ce que c’est nouveau, ou toujours au même endroit ?

Et surtout :

• On ne dit pas “c’est normal, ça va passer”.
• On ne suppose pas que l’élève doit “traverser” ça pour progresser.
• On propose. On observe. On ajuste.
  
  

Parce qu’enseigner, ce n’est pas faire faire. C’est accompagner.
Et parfois, c’est aussi inviter à faire un pas de côté… pour mieux avancer.

Pour aller plus loin :

Retrouvez l’intégralité de ce sujet dans l’épisode de Bla Bla Yoga Douleur musculaire ou articulaire : comment faire la différence ?
Avec d’autres repères, des nuances, et des pistes pour ajuster votre pratique — et votre écoute.